Jeudi 18 Janvier 2018 – Si une grosse vingtaine de joueurs polynésiens évoluent actuellement dans des clubs de métropole, Teiva JACQUELAIN, 23 ans, peut-être considéré comme la figure de proue de tous nos Aito. En effet, après avoir côtoyé les plus grands (Wilkinson, Nonu, Guirado…), lors de son passage au centre de formation du Rugby Club de Toulon (Partenaire du Rugby Club de Pirae), il a également, au courant de l’année 2017, revêtu le maillot tricolore à de nombreuses reprises, avec l’équipe de France de Rugby Sevens. Teiva JACQUELAIN a rejoint le club de Grenoble, en Pro-D2, où il y a signé son premier contrat professionnel.
Ia ora na Teiva, peux-tu nous présenter ton parcours sportif sur Tahiti ?
A Tahiti j’étais licencié au Rugby Club de Pirae et en parallèle à Central sport pour l’athlétisme. Suite à une grosse blessure au genou qui m’a tenu éloigné des terrains toute une saison (2013) j’étais très motivé pour bien revenir. Cela a fini par payer car 1 an après ma blessure, à 19 ans j’ai été élu meilleur joueur des – de 23 ans (du RC Pirae) et meilleur marqueur d’essais sur les 2 années de grands chelems consécutifs réalisés par notre club, en 2014 et 2015 comprenant les 3 trophées majeurs de Tahiti (Championnat à XV, Championnat Sevens, Coupe à XV).
Qu’est ce qui a été le plus difficile en intégrant le centre de formation du RC Toulon ?
Ce qui a été le plus difficile à été de vite s’adapter à une nouvelle vie, un nouveau rythme et à un rugby plus professionnel. C’était un grand changement mais je voulais tellement le découvrir que je m’entrainais chaque jour en gardant en tête la chance que j’ai d’être ici. Cela m’a permis de rattraper plus rapidement mon retard sur les autres joueurs côté technique et la compréhension du rugby que les exigences du haut niveau requièrent. En clair c’est moins cool que sur le fenua (rires).
Comment réagit-on lorsque l’on se retrouve à l’entrainement avec de très grands joueurs et notamment des champions du monde ?
Je me rappelle que les premières fois, je n’osais pas leur parler, je les observais de loin, j’étais comme un enfant. On se sent de suite un peu petit. Ca nous montre un peu le chemin à parcourir pour être aussi brillant qu’eux. J’ai beaucoup appris grâce à cette situation. Cependant cela m’a aussi fait défaut parce qu’avant tout c’était des idoles pour moi. Quand je m’entraînais j’étais sur la retenue pour ne pas trop les bousculer, je ne donnais pas tout et je m’excusais souvent si je faisais mal les choses. Alors qu’il faut simplement jouer au rugby sans se prendre la tête. Ils sont comme moi avec des titres en plus. Aujourd’hui j’ai changé cela, je m’impose plus, tout en gardant un certain respect.
Comment as-tu rejoins l’équipe de France Sevens ?
Il faut beaucoup travailler car le Sevens est très technique et aussi très physique. Après avoir fait deux bonnes saisons à XV, j’ai eu la chance que les coachs parlent de moi aux entraîneurs de France 7’s. Après quelques stages à Marcoussis (centre technique national de la Fédération Française de Rugby), apparemment concluant, j’ai finalement été retenu dans le groupe de l’équipe de France ce et j’ai ainsi participé à quelques tournois du HSBC (circuit mondial de rugby sevens) et une partie du championnat d’Europe. Je sais qu’il me reste beaucoup de travail avant de vraiment m’imposer au sein de l’équipe de France 7s.
Que ressent-on quand on est un jeune polynésien et que l’on porte le maillot tricolore pour la première fois ?
On se sent vraiment fier, on ne réalise pas de suite. Surtout lorsque tu regardes derrière tu vois tout le chemin parcouru c’est presque fou. C’est un rêve qui se réalise alors que cela me paraissait trop loin et trop haut pour moi. J’espérais que ma famille et que le fenua soient fiers. Je me sentais reconnaissant auprès de toutes les personnes qui ont pu y contribuer. J’espère le revivre.
Comment se passe l’intégration au sein de l’équipe de Grenoble ?
Pour le moment tout se passe bien, je passe le plus clair de mon temps à m’entraîner avec les autres blessés. Mon emploi du temps est différent de ceux qui sont aptes. J’espère vite rejoindre le groupe à pleins temps.
Tes objectifs pour la saison 2017-2018 ?
Apprendre et travailler, cela reste les premiers mots. Si j’arrive à vite retrouver de bonnes sensations et bien assimiler le plan de jeu que souhaitent mettre en place nos entraîneurs, je serai bien dans ma tête pour bien m’exprimer sur le terrain. Dans un deuxième temps j’espère pouvoir m’exprimer un maximum dans cette équipe. Ils laissent la chance aux jeunes, à moi de la saisir sans me mettre de la pression.
Un conseil pour nos jeunes polynésiens ?
Qu’importe le domaine qu’ils choisissent, il faut vivre à fond son aventure en se donnant les moyens de réussir pour laisser peu de place aux regrets ou à l’échec. Pour pouvoir se dire “au moins j’ai essayé et j’ai tout donné”. Laisser de côté les aprioris et la peur de quitter le « fenua » parce qu’on en sort grandi. Et puis rester humble parce qu’on n’est jamais vraiment arrivé même quand on le pense. « Fa’aitoito te mau taure’are’a tatou te u’i no ananahi !
Deux autres joueurs du Rugby Club de Pirae tentent l’aventure au centre de formation du Rugby Club de Toulon.
Nicolas VIVIEN est en train d’y faire un essai, alors que Makalea FOLIAKI a signé son contrat au mois de juin et est parti en septembre pour rejoindre le club de la rade.
Le Rugby Club de Pirae a signé une convention de partenariat avec le Rugby Club de Toulon depuis juillet 2015.
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Teiki Dubois