Jeudi 19 Octobre 2017 – Errol Bennett, né le 7 mai 1950 à Papeete, a été l’un des plus grands footballeurs tahitiens. Pendant de longues années, son nom a dépassé les frontières de la Polynésie Française grâce à une qualité technique, une vitesse d’exécution et une vision du jeu hors normes. Il a fait les beaux jours de son club de toujours, Central Sport mais aussi de la sélection de Tahiti. Il a été champion de Tahiti huit fois consécutivement, mais aussi onze fois meilleurs buteurs du championnat (record toujours d’actualité). Errol Bennett aurait pu épouser une carrière professionnelle en France, mais le destin en a décidé autrement. Il est aussi le père de Naea Bennett, l’emblématique capitaine des Tikitoa. « Bon sang ne saurait mentir » est un dicton qui convient bien aux Bennett. C’est dans sa maison de Arue qu’Errol Bennett a bien voulu répondre à quelques questions de SportsTahiti MAG :
Peux-tu nous parler de ta carrière ?
« J’ai toujours adoré le football et j’ai été repéré très tôt par Napoléon Spitz, qui m’a fait intégrer le club de Central Sport lorsque j’avais 13 ans. J’ai fait toute ma carrière dans ce club avec lequel j’ai vécu des moments inoubliables. »
Comment t’es venue cette passion pour le football ?
« (Rires !) Cette passion m’est venue de ma maman car dès bébé et à chaque noël, j’avais toujours comme cadeau un ballon de football. Du coup, je ne pouvais pas faire autrement que de jouer au football. »
Quel est ton meilleur souvenir de footballeur ?
« Ouhlala ! J’ai énormément de bons souvenirs (rires !). Je ne peux me contenter d’un seul. Il y a d’abord mon premier titre de meilleur buteur, j’avais 18 ans. Ensuite, mon premier titre de champion de Tahiti avec Central Sport. Pour la petite histoire, à l’époque, les anciens dont Maco Nena et Charles Thunot nous charriaient en nous disons que jamais nous ne pourrions battre leur record de titres consécutifs en championnat qui était de 7. Nous en avons gagné 8 ! (rires !) »
Quel est ton plus mauvais souvenir ?
« C’est en sélection de Tahiti que j’ai vécu le moment le plus difficile de ma carrière. En 1971, nous avons été éliminés des Jeux du Pacifique après avoir perdu en demi-finale contre les Nouvelles Hébrides. Nous étions pourtant les favoris et tout le monde nous voyait monter sur la plus haute marche du podium. Ce qui a été très dur au delà de la défaite, c’est d’avoir perdu chez nous à Tahiti. »
Tu aurais pu faire une carrière professionnelle… Pourquoi ne pas l’avoir fait ?
« C’était en 1972. Je pense que j’avais le potentiel pour réussir mais le premier frein a été le froid. Je suis arrivé en métropole en plein hiver et c’était un énorme choc. De plus, cette année là, il y a eu une scission entre le Paris Saint-Germain et le Paris Football Club et suite à des problèmes financiers, le PSG devait redescendre en troisième division. Le président de l’époque m’avait demandé de rester et m’avait dit que le club allait remonter très rapidement en professionnel. Mais cela n’était pas intéressant pour moi. Il y a bien eu quelques contacts avec Saint-Etienne, mais ça ne s’est pas concrétisé. Je suis donc revenu à Tahiti. »
Quel est ton regard sur le football local aujourd’hui ?
« Nous avons de très bons jeunes joueurs mais nous n’arrivons pas à passer le cap, à aller chercher l’excellence. Est-ce que c’est un manque de motivation ? D’entrainement ? Je ne sais pas. Pourtant, physiquement et techniquement, nous avons de supers joueurs. C’est dommage. »
Qui sont les sportifs qui t’ont influencé ?
« C’est bien entendu le Roi Pelé qui m’a le plus influencé. Je voulais lui ressembler à tout prix. Il y a aussi Johan Cruyff. J’admirais ces deux joueurs par l’impact qu’ils pouvaient avoir sur le jeu et sur leur équipe, tant en club qu’en sélection. »
Ton fils Naea est aussi un grand champion, comment s’est passé cette transmission ?
« Ce qu’il faut savoir c’est qu’il était toujours avec moi à tous les entrainements et du coup, à force, il s’y est intéressé. Et puis, il était doué, il faut le reconnaitre. J’ai plus été un conseil pour lui. »
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes ?
« La jeunesse est un peu perdue, on le voit. Il faut que ces jeunes s’occupent et quoi de mieux que le sport ? Plutôt que de trainer dans les rues et être exposés aux fléaux que sont l’alcool et la drogue, il faut qu’ils se lancent dans le sport. Cela ne peut que leur faire du bien. »
Dernière question, comment fait-on pour être un grand champion comme toi ?
« Il n’y a pas de recette miracle pour ça (rires !). La seule chose que je peux dire c’est d’avoir une discipline, respecter les anciens, respecter ses coéquipiers et respecter ses adversaires. Il faut aussi s’entrainer dur car le talent ne suffit pas. C’est un tout qui fait que l’on devient un champion. »
L’anecdote :
« Je me souviens qu’un jour en allant à l’entrainement, j’avais la sensation que quelqu’un était dans la voiture : je me sentais épié. Bref, c’était bizarre. Je continue ma route et lorsque j’arrive à mon entrainement, je me rends compte que Naea, qui était tout petit à l’époque, s’était caché à l’arrière du véhicule pour venir avec moi. Il n’avait évidemment pas prévenu sa maman. Il a été bon pour un petit « savon » au retour à la maison, mais il a quand même assisté à l’entraînement de son père… ».
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Delano Florh
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