Vendredi 2 octobre 2020 – A bientôt 39 ans, Billy Besson a vécu et grandi sur un bateau au Yacht Club de Tahiti. S’il touche à tous les sports, du « boogie » au judo, la voile reste son premier amour. Monocoques, multicoques, il a appris à naviguer sur toutes les embarcations en développant un fantastique instinct qui fait de lui aujourd’hui, l’un des meilleurs barreurs de multicoques de la planète.
Il a remporté deux fois les championnats du monde Junior, avant de s’envoler à 18 ans vers la métropole pour les études. Un pallier est franchi puisqu’il enchaîne ensuite tout au long de sa carrière les titres de champion du monde (Dart 18, Formula 18, Nacra 17) et représente la France aux Jeux Olympiques. Son nouveau défi à l’heure actuelle faire briller le drapeau tricolore dans le circuit du SAIL GP. Entretien avec ce prodige de la voile polynésienne, aujourd’hui professionnel.
Ia ora na Billy, comment as-tu commencé la voile ?
Ia ora na à tous. Ma mère tient la station essence du yacht Club, du coup, je pratique la voile depuis ma naissance. Comme Obélix, je suis tombé dans la marmite dès le départ (rires). J’ai toujours aimé l’eau, la navigation… Et à 18 ans, je pars de Tahiti pour les études… et pour la voile. Je fais un DEUG STAPS, puis l’opportunité s’est présentée pour moi d’entrer dans la marine nationale afin de suivre un cursus de sportif de haut niveau. Et de là, j’ai enchaîné les compétitions et les régates… jusqu’à aujourd’hui.
Ces dernières années tu as surtout fait parler de toi en Nacra 17 ?
« Oui avec Marie RIOU ma coéquipière, nous avons remporté quatre titres de champion du monde de suite. D’ailleurs en 2016, nous étions aussi en lice pour les Jeux Olympiques mais j’ai eu une hernie discale durant la compétition. Je me souviens, j’allais en chaise roulante au bateau. On a fini 6ème mais dans la douleur. »
Parle nous un peu de Marie RIOU, comment vous êtes-vous rencontrés ?
On se connait depuis longtemps avec Marie. On se croisait durant les championnats d’optimiste étant jeunes. Je représentais Tahiti, et elle la Bretagne. Ensuite on s’est suivi dans l’Olympisme, et en fait dès que le bateau olympique est devenu mixte, cela a été une évidence nous devions faire équipe. Nous sommes complémentaires, et d’ailleurs pour l’anecdote, dans l’histoire de la voile en France il me semble que personne n’a enchainé autant de titre. Une équipe qui gagne (sourire) !
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué durant ta carrière ?
C’est notre 3ème titre de champion du monde au Danemark en 2015 ! Il y avait tellement de vent qu’on ne pouvait pas naviguer. Il faut savoir qu’il y a un principe en voile, c’est qu’on a le droit de naviguer jusqu’au coucher du soleil. Mais dans le nord le soleil se couche très tard (rires). Du coup, vers les coups de 20h, nous arrivons à la dernière manche, que l’on appelle aussi « medal race » qui est une étape cruciale pour gagner et où il faut être hyper décisif. Et là, on rate notre départ ! Du coup, on prend beaucoup de retard. Mais au fur et à mesure on revient sur tout le monde, et on a remporté le titre de champion sur le dernier croisement. C’était complètement fou, une sensation que seul le sport te procure !
Et maintenant place au SAIL GP avec les F50 ?
Avec le F50, c’est la voile nouvelle génération. Ce bateau est exceptionnel et le sentir accélérer prend aux tripes. C’est la classe de course la plus rapide de l’Histoire. Il faut savoir que notre mur du son est de 50 nœuds (92 km/h) et les bateaux ont dépassé les 52 nœuds. Ce n’est pas rare pendant les régates d’être entre 48-49 nœuds. Nous sommes 5 à bord. Trois wincheurs, un contrôleur de vol, 1 régleur d’aile et moi à la barre. C’est un bateau très technique, il faut en connaître tous les réglages et gérer les mouvements à bord comme une chorégraphie. Lors de la saison 2019, le défi de l’équipe française était d’apprendre à naviguer sur ce bateau. Nous avons progressé au fil de la saison et avons conclu à Marseille par une victoire de manche. L’expérience acquise nous permet aujourd’hui d’être en confiance.
Bon malheureusement, le confinement et le COVID-19 sont passés par là cette année. Mais mon objectif est de me consacrer au SAIL GP à fond et de viser le podium l’année prochaine. On ne navigue pas suffisamment cette année, mais l’année prochaine on va être attendu au tournant.
Comment gères tu l’équilibre entre ta carrière de marin professionnel et ta vie familiale ?
Entre la vie personnelle et professionnelle, il est très difficile de trouver son équilibre. Cela demande énormément de sacrifices, comme dans tous les sports, surtout quand on pratique au niveau Olympique. Ma moyenne d’entraînement était entre 280 et 300 jours à l’année. C’est très contraignant pour ma moitié et mes deux enfants. Heureusement que ma femme est en Or, et qu’elle gère tout (sourire). Je peux ainsi me préparer et m’entraîner à 100%, car la voile c’est un sport à maturité, il y a l’aspect physique mais aussi l’expérience qui joue énormément. C’est un sport hyper exigeant, il faut être vigilant, on a une préparation physique et psychologique accompagné d’entrainements de survie sous l’eau en cas de retournement.
Un mot de fin Billy ?
Un grand merci à ma famille, mes proches, sans oublier mes sponsors tels que AIR TAHITI NUI, le COLLECTIF ENGIE, FORWARD SAILING… Et j’espère pouvoir revenir à Tahiti prochainement.
Questions découvertes :
Ton signe astrologique : Poisson (forcément)
Plat préféré : Poisson cru au lait de coco
Groupe de musique préféré : Soldier Of Jah Army
Le sportif qui t’inspire : Le surfeur John John Florence
La première chose que tu fais le matin : Le Biberon pour mon fils
Les portraits de vos sportifs préférés c’est sur www.sportstahiti.com.
Toanui Maitere