Vendredi 26 Mars 2020 – Le triathlète Benjamin Zorgnotti est un des athlètes tahitiens qui a obtenu le plus de médailles d’or lors des derniers Jeux du Pacifique à Samoa. Il a tenté la voie de la professionnalisation en 2019 et s’est offert le titre de vice-champion de France de triathlon par équipe en septembre 2020.
Benjamin Zorgnotti est un des rares sportifs tahitiens à avoir tenté la voie professionnelle en 2019 dans une discipline particulièrement éprouvante : le triathlon. Il a mis la barre haut. Alors que sous nos tropiques la tentation du Xterra, le triathlon nature, nous tend les bras, lui a opté pour le triathlon classique. Il est confronté au plus haut niveau national, mondial, et ce n’est pas une mince affaire. La conséquence ? Des heures d’entraînement quotidien, un coach qui ne le lâche pas d’une semelle, des voyages pour des compétitions à l’extérieur, une hygiène de vie irréprochable et peu de répit.
Et le travail paye puisque Benjamin est celui qui a raflé le plus de médailles d’or, parmi les sportifs tahitiens, lors des Jeux du Pacifique qui se sont déroulés aux Samoa en juillet 2019. Deux en individuel et deux par équipe, en triathlon et aquathlon. La saison 2020 a été compliquée avec la crise sanitaire mais il est parvenu à participer aux championnats de France par équipe. Il a pu s’offrir une belle quatrième place dans une des manches de la finale et a remporté l’argent par équipe. Pas mal du tout, lorsque l’on sait que la France est une des meilleures nations du triathlon mondial, à l’image du le titre mondial 2020 ayant été remporté par le Français Vincent Luis.
Parole à Benjamin Zorgnotti :
Comment es-tu arrivé au sport, au triathlon ?
« Je suis tombé dedans quand j’étais petit. Mon père en faisait et, forcément, j’ai voulu faire comme papa. On ne m’a jamais forcé à faire du triathlon mais on m’a toujours obligé à faire du sport ou en tout cas une activité extra-scolaire ; je me suis essayé à plusieurs sports comme le judo, le tir à l’arc ou le foot mais c’est le triathlon que j’ai préféré. Même en école d’ingénieur où le rythme était assez dingue, j’ai toujours gardé un petit temps pour m’aérer… Une question d’équilibre ! »
C’est une discipline particulièrement éprouvante pour le corps à la longue…
« Il faut savoir que toute pratique à haut niveau est néfaste pour l’organisme et ce, peu importe le sport exercé. Le haut niveau, c’est de l’acharnement. Mais effectivement, cela est peut-être encore plus vrai pour un sport comme le triathlon où les trois disciplines demandent du temps… En période d’entraînement intense, je vis avec des douleurs musculaires constantes, je vis avec un seuil de douleur relativement haut ; au fur et à mesure mon corps s’adapte à ce genre de choses. »
Tu as décidé de passer professionnel, qu’est-ce qui a motivé ce choix alors que tu es diplômé ingénieur ?
« Je me suis dit que c’était maintenant ou jamais. Mon diplôme, il peut rester au chaud un petit peu ; mes jambes et mes capacités physiques un peu moins. Certains partent faire le tour du monde après leur diplôme pour souffler, eh bien moi, ce qui me fait vibrer, c’est de partager des courses avec l’élite de mon sport. J’aurai le temps plus tard pour m’asseoir derrière un bureau et faire travailler le cerveau. En plus de ça, j’utilise encore aujourd’hui mes compétences d’ingénieur. Au quotidien, je gère mon projet de triathlète professionnel comme j’ai pu gérer un projet en entreprise par le passé. »
Le bilan de ton début de carrière professionnelle ?
« Plutôt positif. J’ai pour l’instant réussi à faire tout ce que je m’étais fixé pour ces deux années. J’ai notamment participé à ma première World Cup avec les meilleurs mondiaux en cette fin d’année, ce qui n’était pas prévu. Je peux donc maintenant me situer par rapport à ce qui se fait de mieux dans ma pratique. »
La crise sanitaire, cela t’inspire quoi ?
« Au final, je n’ai pas trop été impacté par la crise. J’ai bien vécu mon confinement, j’ai bien repris l’entraînement lorsque cela a été possible et j’ai fait un bon bloc de compétitions en Europe en cette fin d’année. Le maître mot lorsqu’on est sportif de haut niveau, c’est l’adaptabilité. Savoir s’adapter en toute circonstance est une vraie force. Forcement, cela mine un peu le moral d’être contraint. Évidemment, j’aimerais que les sportifs soient considérés comme des travailleurs normaux et qu’on nous laisse faire notre travail aussi mais il en est autrement dans les mentalités pour le moment. Je me concentre sur le fait de garder le moral et sur le fait de trouver les solutions aux différents problèmes qui se posent parce que des problèmes dans notre métier, c’est plus que courant. »
Ton titre de vice-champion de France par équipe 2020 ?
« C’est un aboutissement. J’avais déjà couru sur le circuit D2 en France avec mon club de La Rochelle à l’époque. J’ai voulu y revenir pour la saison 2020 pour montrer que je pouvais jouer un rôle clé dans l’équipe et cela a été le cas. J’ai pu jouer à l’avant de la course sur les trois étapes du Grand Prix et j’y ai pris beaucoup de plaisir. »
Comment vois-tu 2021, quel est ton programme ?
« La saison 2020 étant à peine finie, je me suis pris quelques jours de vacances, j’ai le droit qu’à deux semaines dans l’année alors j’en profite ! Nous allons maintenant faire le bilan avec mon coach et mes différents sponsors sur l’éventualité de continuer encore ou pas. Je m’étais fixé à l’origine deux ans d’entraînements et de compétitions pour pouvoir faire un choix sur une éventuelle carrière à long terme. Ayant couru contre les meilleurs du monde récemment, j’ai de quoi me jauger et savoir si j’ai le potentiel pour combler l’écart qui me sépare d’eux, ou si cela nécessitera des efforts et des sacrifices que je ne suis pas prêt à faire. Je ne me contenterai pas de faire du haut niveau pour faire partie du top 100 mondial et stagner. J’ai toujours fait les choses à 100 %, donc si je ne me vois pas capable de faire jeu égal avec les meilleurs à long terme, je n’y vois pas l’intérêt. »
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