Vendredi 22 Mars 2019 – SportsTahiti vous propose une nouvelle rubrique : apprendre à pêcher en toute sécurité. Cette série d’articles sur la pêche sous-marine vous proposera de faire le tour des principales techniques avec des pêcheurs expérimentés tout en développant le volet sécurité. En effet, quatre décès déjà depuis le début d’année, c’est beaucoup trop et souvent ces accidents peuvent être évités en respectant un minimum de règles. On associe à tort la pêche sous-marine à la profondeur ou à des temps d’apnée exceptionnels.
Rappelons-le, l’objectif premier en chasse sous-marine est de ramener du poisson au foyer et non pas d’exciter le profondimètre et le chronomètre. Et justement, nous vous proposons de découvrir la pêche à la vague avec Heiarii AIRIMA, double champion de Polynésie dans la catégorie novice.
Peu d’eau, des temps d’apnée court et beaucoup de poissons
Et c’est bien là le principal avantage de cette pêche. En effet, notre environnement nous offre une barrière récifale à n’en plus finir et donc des terrains de pêche en perspective. Que ce soit à l’extérieur du récif dans les brisants ou à l’intérieur (dans le chenal bordant le récif), beaucoup de poissons tels que les nanue, ume, pa’ati, pa’a’aihere… y évoluent. On ne dépassera pas les 5 mètres de profondeur et les temps d’apnée dépassent rarement la minute. Cela limite considérablement les risques de syncope et donc de noyade. Par contre, le poisson peut y être plus fuyant et il faudra donc user de stratégies au niveau de l’approche pour espérer faire du poisson.
Heiarii Airima :
« La pêche à la vague est une pêche rapide et elle me donne les mêmes sensations que le surf que j’aime pratiquer aussi. Attention, cette pêche peut être très dangereuse quand il y a de la houle. La pêche n’est pas un jeu alors attention, un poisson ne vaut pas une vie. Mon meilleur souvenir ? J’en ai deux. On a rempli une glacière de 120L de nanue en une pêche à la vague avec mon copain « Géant ». Et le récif, c’est aussi le lieu d’habitation des langoustes… »
Des failles à exploiter sans distinction
Plus il y a des failles près du récif à l’extérieur, plus vous trouverez du poisson. Heiarii les exploite sans distinction car une faille banale peut cacher un gros pa’a’aihere, des tō’au et même des ume… Pour cela, plusieurs possibilités. Heiarii les aborde soit en progressant en « sniper » sur les bords ou soit à l’indienne (en progressant petit à petit à ras le récif) du début de faille vers l’intérieur. Le tout étant de toujours veiller à se cacher au mieux tout en suscitant la curiosité des poissons. Par la suite, il rague les trous des failles à la recherche des ‘ī’īhi, ‘āpa’i ou nanue parfois. Une lampe peut être utilisée aussi à ce moment. Parfois, si il constate que la faille rentre complètement à l’intérieur et qu’elle est pleine de ‘iri’iri (petits galets blancs) , ils s’y aventurent pour chercher les moi, espèce très prisée des fins gourmets.
Un matériel adapté à ce type de pêche
Généralement fortement déconseillé, le surplombage est de mise pour ce type de pêche. Les pêcheurs rajoutent en général 1 à 2 kilos. Par contre, le type de ceinture utilisé doit permettre un délestage rapide. Un baudrier peut être utilisé aussi afin de répartir le poids et d’éviter les maux de dos. Néanmoins, des pêcheurs tels que Michel WILLIAMS des raromata’i utilisent très peu de lestage, ils adoptent une pêche plus fluide et utilisent les courants au maximum pour progresser vers le poisson. Heiarii utilise essentiellement un 115 ou 11O cm (avec flèche de 1,50 ou 1,60m) en carbone. Beaucoup d’autres pêcheurs se débarrassent du moulinet afin de gagner en maniabilité. En effet, le ressac des vagues allié à la grande mobilité du poisson suggère de disposer d’un fusil léger et maniable. La stabilité du bois peut être appréciée aussi. Au niveau des palmes, Heiarii utilise essentiellement des palmes en plastique car le carbone ne ferait pas long feu à taper sans cesse dans les failles. Un « bungee » le rattache à sa bouée de signalisation pour éviter les trop grandes tensions dans les vagues.
Une autre façon de pêcher à la vague
Heiarii pêche aussi du côté intérieur du récif. Le petit chenal près du récif est un lieu de passage et là aussi, dans très peu d’eau on peut faire de très belle pêche. Il progresse parallèlement et utilise les petits blocs de coraux pour se cacher et progresser à l’indienne. Parfois, il utilise aussi la technique du hoa ou fa’atiani (poisson accroché à l’avant du fusil pour attirer les autres) et attire ainsi les poissons vers lui. Ume, pa’a’aihere, Pātaitai, Mārava, nanue, mū sont autant d’espèces présentes dans à peine 1 mètre d’eau. Comme pour les autres types de pêche, les levers et couchers de soleil sont des moments propices pour faire des bonnes pêches. Le poisson rentre ou sort via le récif et avec un peu de finesse, on peut le surprendre. Lorsqu’il pêche à l’intérieur, il accroche le poisson sur lui à cause des requins et murènes et notamment du fait qu’il n’y a aucun passage de bateau dans cette zone.
Ils ont excellé dans ce type de pêche :
- Teama PUNUAITUA : vice-champion du monde à Mataiea, 3ième au mondial au Pérou, 12 fois champion de Polynésie en individuel
- Franck TSIOU FOUC : multiple champion de Polynésie en inividuel et par équipes. 9ième mondial à Sines –Portugal.
Retrouvez l’article dans le SportsTahiti MAG’ #7
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Rahiti BUCHIN