Pêche Sous Marine : Entretien exclusif avec Steeve Tetuanui

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Après une très belle 6ème place aux mondiaux de chasse sous marine, Steeve TETUANUI revient sur cette compétition. De la préparation à l’ambiance en Grèce en passant par les journées de compétition. Steeve Tetuanui nous dit tout sur ce qu’il a vécu à travers un interview exclusif.

Comment as-tu préparé ces mondiaux ?

« Avant tout, c’était une préparation financière. J’ai du faire la cuisine pour vendre des plats et solliciter des sponsors privés avec l’aide de mon Coach Alféo PIHATARIOE. Se déplacer un mois avant l’évènement, cela a un coût et il me fallait manquer de rien sur place pour assurer mes repérages. C’était une préparation logistique et tactique aussi puisqu’il a fallu que je prépare le terrain avant mon arrivée et trouver un bon capitaine sur place. J’ai dû passer des heures sur internet pour trouver le bon capitaine et un logement proche de tout. Physiquement, c’était footing et musculation le midi et 2 à 3 sorties en mer par semaine. Nous avons fait un stage d’apnée profonde avec Denis GROSMAIRE aussi avant de partir »

Comment était l’ambiance sur place ?

« Les grecs sont des gens formidables par contre dès les premières heures de repérages, j’ai su que ce championnat allait se jouer très profond. Mon capitaine m’avait averti ainsi que les pêcheurs du coin. La surpêche (pêche de nuit, au filet) a eu des conséquences désastreuses sur la ressource. Rien de pêchable à moins de 35 mètres sauf coup de chance. J’ai très vite laissé tomber les repérages sur les zones peu profondes car cela ne servait à rien. Les repérages ont été difficiles car en général on pêche entre 15 et mètres et occasionnellement on sort quelques prises à 30 mètres et plus mais on ne pêche jamais dans ces profondeurs pendant 6 heures ! Il a donc fallu s’adapter et utiliser une gueuse pour gagner en rapidité et en efficacité. J’en ai utilisé une de 4 kilos et une ceinture de 2 à 3 kilos seulement. C’était très éprouvant physiquement et j’ai pris mon temps entre chaque apnée pour éviter tout accident. Avec l’équipe, on a vite compris que pour sortir son épingle du jeu il fallait sortir du lourd en prenant mérous et badèches car le règlement prenait en compte les grosses prises jusqu’à un poids de 12,500 kg. La variété et les petites prises ne rapportaient que peu de points et de plus, beaucoup d’espèces étaient invisibles. » »

Ta première journée ?

« Un peu stressé et ça n’a pas fonctionné très fort. Il y avait du poisson sur une zone mais des erreurs techniques de balisage m’ont empêché de prendre plus de poisson. Je n’ai sorti que 3 petites prises et c’était bien insuffisant car comme dit, il fallait sortir du lourd pour être classé. Les premières heures à ne rien sortir m’ont affecté ainsi que les journées de repérage précédentes. J’ai eu un coup de fatigue et ça n’a pas arrangé les choses. A la pesée ça été une grosse déception d’autant que mes coéquipiers n’avaient pas fait mieux. Voilà notre team à la 13Ième place par nation et moi classé 18 ième. Le soir, ça été la grosse remise en question et il a fallu se remobiliser pour la deuxième journée. »

Une deuxième journée d’enfer ?

« J’avais repéré un gros mérou sur la deuxième zone de compétition et je l’avais vu régulièrement. Je me suis donc dit que pour rattraper mon retard, il fallait que je puisse le sortir. Dès le début de compétition, j’ai été sur cette zone et … il était introuvable ! je suis donc reparti sur d’autres zones faire d’autres prises (sars, perroquets) et je suis revenu régulièrement sur cette zone pour tenter de le retrouver. L’avant dernière heure, je suis tombé sur une grosse badèche sur cette zone. Elle était fuyante donc je l’ai tirée de loin à 35 mètres de profondeur mais en la remontant j’ai vu que ma flèche ne l’avait pas transpercée… à la surface, au lieu de la saisir j’ai voulu la transpercer avec ma flèche et ça l’a aidé à s’enfuir…. AIIIIIIII. Deuxième gros coup de déception et je suis remonté sur le bateau complètement énervé. Je me suis ressaisi petit à petit et Teva qui coaché Vaihoarii pas très loin est venu me voir pour me remotiver. J’ai finalement resauté à l’eau la dernière heure sans vraiment trop y croire mais en faisant une coulée à 35 mètres, j’ai enfin revu le mérou qui se dirigeait dans son trou. Je suis remonté, j’ai vérifié tous les petits détails et je me suis préparé calmement car je voulais lui laisser du temps pour qu’il sorte de son trou et ainsi faciliter sa capture. En descendant, le mérou était en effet dehors mais en me rapprochant il a commencé à regagner son trou et j’ai dû décrocher ma flèche. J’ai réussi à le sécher mais comme pour la badèche, ma flèche ne l’avait pas transpercé. Je n’ai pas rééditer ma même erreur et je suis redescendu avec un autre fusil pour le doubler… » »

A la pesée, grâce à ce mérou Steeve s’est propulsé à la 3ième place de la journée et à la 6ième du championnat du monde. Grâce à cette performance, notre pays est remonté à la 5ième place mondiale.
Félicitations encore à notre team !

Rahiti BUCHIN

l'auteurPN

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